La nouvelle géopolitique de l’Ukraine

Le bombardement de missiles du président Vladimir Poutine contre des dizaines de cibles civiles en Ukraine, y compris des infrastructures énergétiques critiques, marque une victoire des faucons au Kremlin. Malgré ce que peuvent penser les opinions publiques européennes, Vladimir Poutine est loin de représenter le courant le plus belliqueux des centres de pouvoirs russes. Dimitri Medvedev, potentiel candidat au maître du kremlin, a une position sur l’Ukraine beaucoup plus radicale.

Une analyse froide et cynique de la situation montre une divergence d’intérêts entre les différences forces géopolitiques.

L’Europe a un intérêt grandissant à mettre un terme au conflit et a une normalisation de la situation. La crise énergétique est tout aussi couteuse économiquement que politiquement. Beaucoup de gouvernements, Mario Draghi en a été la première victime, pourraient tomber au regard d’une opinion publique de plus en plus versatile.   

Si les Américains souffrent moins de l’inflation des prix de l’énergie, le risque d’une action chinoise sur Taiwan force le pentagone a adopté une approche beaucoup plus modérée, peu partagé par le Président Biden. Des hauts gradés ont alerté l’administration sur le risque de pénurie de munitions si un conflit avec la Chine devait éclater. La Corée du Nord a récemment rappelé à Washington quelle avait toujours des moyens de nuisance et que les 29,000 soldats américains sur la frontière coréenne avaient toujours leur utilité.

Les occidentaux pourraient se rappeler leurs intérêts et oublier les grands principes qui les ont poussés à soutenir la cause ukrainienne. La chose serait en fait assez simple. Sans l’aide miliaire et financière des occidentaux, notamment américaine, l’Ukraine ne passerait pas l’hivers. Malgré les récents revers militaires russes, personne ne pense aujourd’hui dans les chancelleries que l’Ukraine puisse gagner la guerre. Malgré les efforts d’un président ukrainien toujours très médiatique, la fin de l’aide massive américaine signerait probablement le glas des efforts de guerre ukrainien.

Les occidentaux pousseraient sans doute le Président Zelinski a une négociation avec la Russie, avec comme prix les quatre régions indépendantistes. Si l’administration Biden devait perdre les élections de mi-mandat dans quelques semaines, une majorité républicaine beaucoup plus proche des thèses du pentagone que les démocrates pourraient pousser dans cette direction.

Enfin, la montée des faucons à Moscou relance le risque d’une escalade qui conduirait à l’utilisation d’arme nucléaire tactique, une première depuis 1945. Entre cette éventualité et le sacrifice de quelques régions lointaines à l’est de l’Ukraine, le choix des militaires américains est déjà fait.

Du côté de Beijing, la situation est différente. Plus le conflit dur, plus la position des occidentaux se fragilisent économiquement et militairement. Les stocks de munitions sont tombés a des niveaux alarmants dans nombre de pays de l’OTAN et les compagnies de défense européennes et américaines ne peuvent pas suivre. Greg Hayes, le CEO de Raytheon Technologies qui produit les missiles Stinger et les munitions antichar Javelin a déclaré qu’il ne pourrait fournir les prochaines commandes à l’armée américaine avant 2023. La crise énergétique conduirait à une récession, a une montée des partis extrémistes et a un discrédit du système libéral capitaliste. De plus, cela rendrait la chine encore plus indispensable à une Russie qui regorge de matières premières.

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