Les dommages économiques causés par l’arrêt des flux de gaz russes s’accumulent rapidement en Europe. Alors qu’une récession à l’échelle du continent semble désormais inévitable, des temps difficiles s’annonce pour les producteurs de produits chimiques, les aciéries et les constructeurs automobiles qui se sont joints aux ménages pour tirer la sonnette d’alarme face à la flambée des factures énergétiques.
Les sombres perspectives signifient déjà que, sept mois après le déclenchement de la guerre en Ukraine, les gouvernements dépensent des centaines de milliards d’euros pour soutenir les familles tout en renflouant les entreprises et en préparant l’opinion a des restrictions d’énergie. De son côté, la Banque centrale européenne comprime l’économie avec la hausse des taux d’intérêt la plus rapide de son histoire. La présidente de la BCE, Christine Lagarde, a déclaré lundi qu’elle s’attendait à ce que les décideurs politiques augmentent à nouveau les coûts d’emprunt lors des prochaines réunions.
En cas de crise énergétique, la chaîne d’approvisionnement industrielle pourrait s’effondrer de manière dramatique et imprévisible. Les entreprises ont un point de rupture au-dessus duquel les coûts élevés de l’énergie signifient simplement qu’elles cessent de fonctionner. Des secteurs entiers pourraient être confrontés à des pénuries d’intrants à forte intensité énergétique tels que les engrais ou l’acier. Dans le système électrique, une fois qu’une panne de courant a commencé, elle peut rapidement devenir incontrôlable et se répercuter sur le réseau. Evonik Industry AG, l’un des plus grands fabricants de produits chimiques spécialisés au monde, basé dans la vallée industrielle de la Ruhr, a mis en garde contre les dommages potentiels à long terme des coûts de l’énergie. « La condition de base pour la prospérité de l’économie allemande, et en particulier de l’industrie, est la disponibilité permanente d’énergie, également à partir de sources fossiles, à des prix raisonnables », a déclaré la société.
Les données publiées la semaine dernière ont montré que l’activité du secteur privé dans la zone euro s’est contractée pour un troisième mois en septembre, avec un indice des directeurs d’achat qui a chuté à son plus bas niveau depuis 2013. Entre-temps, la crise a également fait chuter la confiance des consommateurs.
Bien que les prix du gaz et de l’électricité aient chuté par rapport aux records d’août, ils sont toujours plus de six fois plus élevés que la normale dans certaines régions. À ce prix, des milliers d’entreprises ne sont tout simplement pas viables à long terme sans le soutien du gouvernement. Et, contrairement à ce que les leaders européens vendaient à leurs opinions publiques il y a quelques mois, le problème va persister. Le plafonnement des prix, le soutien des liquidités et les transferts fiscaux ont déjà atteints des niveaux records et au regard de l’endettement des états, ils auront du mal à perdurer. Le groupe de réflexion Bruegel estimait qu’à la mi-septembre, les gouvernements de l’UE avaient affecté 314 milliards d’euros pour amortir l’impact de la crise sur les consommateurs et les entreprises.
Alors que l’Euro a touché les 0.95 hier et qu’un nouveau gouvernement que l’on peut au-mieux considéré d’anti-européen va s’installer en Italie, nous ne sommes qu’au début du problème et les prochains mois pourraient se révéler encore plus douloureux. Si le comportement les consommateurs ne s’adaptent pas rapidement, et que l’unité entre les pays de l’UE devait se rompre, les prix du gaz pourraient grimper au-dessus de 400 euros, l’inflation pourrait approcher les 8% l’année prochaine et l’économie pourrait se contracter de près de 5% cet hiver.