Le président de la Réserve fédérale, Jérôme Powell, est confronté à un calcul de plus en plus sombre après les nouveaux chiffres de l’inflation américain de de vendredi. Il devra probablement pousser l’économie en récession afin de reprendre le contrôle des prix.
Après avoir passé une grande partie de l’année dernière à ressembler un peu à l’ancien chef de la banque centrale Arthur Burns, tolérant une certaine inflation, Jérôme Powell se prépare á endosser le rôle de l’icône de la Fed tueur d’inflation : Paul Volcker.
Si contrairement á d’autres banque centrale, la Fed ne parle pas encore de récession, Jérôme Powell a récemment reconnu que la maîtrise des pressions sur les prix pourrait nécessiter une certaine douleur, et peut-être même un chômage plus élevé. Cela est compréhensible, compte tenu de la lourdeur politique, en particulier pour le Parti démocrate du président, juste avant les élections de mi-mandat en novembre.
Toutefois, les chiffres de vendredi ne pouvaient pas être plus mauvais, quel que soit la façon de mesurer l’inflation. L’augmentation de l’inflation « sous-jacente » était la plus importante depuis juin de l’année dernière. Si l’on prend d’autres mesures de l’inflation comme celui fait par la Fed de Cleveland depuis 1984 et qui consiste á supprimer les plus grandes valeurs aberrantes dans les deux sens en prenant la moyenne des composants qui restent, les chiffres d’une année sur l’autre et d’un mois sur l’autre sont les plus élevés jamais enregistrés. Une autre façon de comprendre la pression inflationniste sous-jacente consiste à examiner les prix « rigides », pour les produits et services où les augmentations doivent être planifiées longtemps à l’avance et où il est difficile d’apporter de nombreux changements en un an. La mesure de l’inflation des prix rigide de la Fed d’Atlanta est la plus élevée depuis trois décennies sur une base annuelle. C’est exactement ce que nous aurions espéré qu’il ne se produise pas si nous voulions éviter une inflation prolongée.
Une autre crainte de longue date qui se concrétise est une reprise de l’inflation du logement, qui représente environ un tiers de l’indice. Il était bien inférieur à la moyenne au début de l’année dernière, mais la hausse des loyers et des prix de l’immobilier l’a maintenant amené au plus haut depuis trois décennies. C’est un problème pour la Fed car, contrairement à l’inflation alimentaire ou énergétique, les prix des logements et les loyers réagissent directement à la politique monétaire. Il était possible de s’opposer à des hausses de taux au motif qu’elles ne modifieraient pas les prix du pétrole ou des céréales. De toute évidence, une politique monétaire plus stricte devrait aider à freiner la surchauffe du marché immobilier.
Vendredi a été une journée charnière pour les marchés. Après plus d’un mois où les rendements obligataires ont chuté et ou les marchés actions rebondissaient, et que les investisseurs espéraient voir la FED tempérer son action, le sentiment a probablement définitivement tourné. L’Euro cassant les 1.05 en est une autre conséquence lourde de sens.